Portrait d’un employé : Michel Calouette, pair aidant au Sac à dos
Qui de mieux placé pour comprendre les personnes en situation d’itinérance qu’un intervenant ancien itinérant ? C’est le parcours atypique de Michel Calouette du Sac à dos !
La vie de Michel a basculé lorsqu’une série de facteurs sont arrivés successivement dans sa vie : éviction de son logement, perte d’emploi due au déménagement de l’entreprise où il travaillait et bris de sa voiture. Du jour au lendemain, Michel s’est retrouvé à la rue. C’était en 2001. Habile de ses mains, il a pu se trouver une maison de chambre, insalubre, mais il a eu la possibilité d’y demeurer en échange de travaux manuels.
Il a fait la rencontre de Richard Chrétien alors que ce dernier organise des cafés-rencontres avec le Centre Saint-Pierre. Quatorze itinérants y prenaient part avec l’intention d’organiser un projet de vie taillé sur mesure. Un jour, l’un des participants subit une malchance : il se fait voler son sac dos ! C’est à la suite à cet événement que les participants du programme ont imaginé ce qu’est devenu le Sac à dos : un endroit où déposer ses biens en toute sécurité. L’organisme a donc été créé et offrait, au départ, 140 casiers d’entreposage. Pendant les deux premières années de fonctionnement, Michel a travaillé de façon sporadique au Sac à dos pour dépanner Richard qui cherchait du personnel.
Un bon jour, il s’est dit : « Tant qu’à travailler, aussi bien travailler pour vrai !». À partir de ce moment, il s’est davantage investi dans les différentes activités du Sac à dos pour y devenir pair aidant. Au début, il ne savait pas tellement comment mener les interventions, mais il a pris confiance et s’est rappelé les thérapies qu’il avait lui-même suivies.
C’est Michel qui a monté le programme de la Brigade verte, une escouade de propreté qui sillonne les rues du centre-ville et les parcs pour embellir la ville. Il a aussi joué un rôle crucial dans les interventions menées auprès des personnes itinérantes qui avaient monté un campement au square Viger. Faisant partie d’un groupe formé par la Ville de Montréal, le poste de police 21, l’Accueil Bonneau, le Sac à dos et d’autres organismes, il a été intervenant de première ligne pour faire le lien entre les plus vulnérables et les autorités. Il a joué un rôle semblable à l’édicule du Champ-de-Mars, alors que la ville entamait des travaux qui forçaient inévitablement le déplacement de personnes itinérantes.
Une des grandes forces de Michel est la recherche de solutions : installer des toilettes chimiques où dorment les itinérants permet de garder l’endroit salubre, nettoyer les entrées de commerces sur la rue Sainte-Catherine à l’aide d’un vélo surmonté d’un réservoir d’eau rend les commerçants heureux et contribue au mieux-vivre ensemble, aller à la rencontre des personnes itinérantes au parc Émilie-Gamelin parce que ces dernières ne peuvent pas aller dans les organismes en raison de la COVID-19 ne sont que quelques exemples.
En parlant du Sac à dos, Michel précise que tous ceux et celles qui y travaillent changent la donne auprès des personnes itinérantes ou à risque de le devenir. Le service de casier postal, entre autres, permet de constater concrètement que les situations changent et que les personnes évoluent parce que le personnel du Sac à dos est témoin des bonnes nouvelles qu’apporte le facteur.
Avec la construction du 222, rue Sainte-Catherine qui approche et qui ajoutera 32 logements sociaux aux 41 déjà existants, Michel éprouve une grande fierté : « Il y a 20 ans, on n’aurait jamais cru qu’on serait rendus là ! ».
Même si Michel n’est pas toujours d’accord avec ses collègues et qu’ils ont de grandes discussions, il affirme sans hésitation :
Au Sac à dos, c’est la plus belle job que j’ai eue et je suis à ma place ici.
Les usagers sont nombreux à l’apprécier, même s’ils ne le verbalisent pas nécessairement… iI y a des ces choses qu’on n’a pas besoin de dire pour comprendre !